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84 ASSOCIATION ’ION. les maîtres et les écoliers en font aussi pour

ASSOCIATION.

1. Utilité et sens de l’association.

2. Diverses sortes d’association.

3. Situation légale des associations quant aux personnes qui les composent.

4. Du patrimoine des associations.

« Toute puissance est faible à moins que d’être unie »: c’est la raison d’être de l’association. Les hommes, dont la force est limitée et la vie courte, ne peuvent achever d’entreprises difficiles ni assurer la durée même d’institutions ordinaires qu’en s’unissant à leurs semblables. Ne parlons ni de la famille qui n’est point formée par le concert et la volonté préalables de ses membres ; ni des associations politiques clans, tribus et ensuite États, communes ou provinces, parce que ceux qui y naissent aujourd’hui se trouvent partie obligée de quelqu’une de ces associations et ne peuvent guère la quitter que pour entrer en une autre qu’ils n’auront pas formée davantage. Les associations dont s’occupe la science économique sont celles seulement qui naissent du libre consentement de leurs membres.

Les besoins des hommes, en effet, croissent avec leur état de civilisation. Ils sont chez les civilisés plus grands à la fois du côté matériel et du côté intellectuel. Les hommes à l’état sauvage ont peu de besoins la nourriture, le vêtement et un logement fort grossier que chacun se procure soi-même. Le but de l’association politique qui les unit (clan ou tribu) est seulement de se défendre ou d’attaquer.

Venons au moyen âge. Les populations sont moins nombreuses que de nos jours, leur richesse est moindre, l’industrie est encore toute manuelle, les moyens de communication sont très imparfaits, mais la société a déjà une valeur morale qui n’a pas été dépassée et une culture intellectuelle assez haute. Les arts ou, au moins certains d’entre eux, comme l’architecture, sont poussés fort loin ; aussi trouve-t-on, dès lors, des associations nombreuses dans les villes et dans les campagnes. Les confréries unissent les hommes pour la prière et ensemble pour l’assistance mutuelle ; les communautés religieuses les unissent, d’une manière plus intime, à la fois pour le culte en commun et pour pratiquer l’assistance, l’hospitalité, l’enseignement, parfois même l’entretien des ponts et des routes. Les marchands, les artisans, les ouvriers que leur profession fait voyager, forment de grandes associations:

SOMMAIRE

Bibliographie.

1. Utilité et sens de l’association.

les maîtres et les écoliers en font aussi pour l’étude, les paysans font des sociétés taisibles l’association est partout.

Notre époque, qui a vu un tel développement de l’industrie et des moyens de transport n’aurait pu satisfaire à des besoins à la fois si grands et si nouveaux sans l’association. Mais l’association alors a pris une forme rare auparavant l’association des capitaux. Quel particulier aurait pu construire nos grandes voies ferrées ou percer l’isthme de Suez avec ses ressources  ? Ou si quelque très riche financier l’avait pu, aurait-il consenti à hasarder tout son avoir en une seule entreprise

 ? 

Un moment ne serait-il pas venu en tous cas où, par sa mort, la propriété se serait trouvée divisée  ? Or, une telle entreprise ne peut achever de se former ou se maintenir que par une conduite unique. C’est donc seulement l’association qui peut ou ériger ou au moins faire durer ces grandes entreprises si communes de nos jours voies ferrées, canaux, exploitation de mines, de fabriques ou de magasins en grand.

Les moyens d’agir, qui sont ici les capitaux, sont fournis par un grand nombre de personnes de toutes conditions, lesquelles font ainsi un usage utile de leurs épargnes en même temps qu’elles en peuvent espérer une convenable rétribution. Elles désignent ceux à qui elles veulent confier la conduite de l’entreprise et, par là, toutes ces forces dispersées reçoivent une seule direction. On obtient ainsi ce que nul particulier n’aurait obtenu par ses seuls efforts et ce que beaucoup de particuliers n’auraient pu faire agissant isolément.

D’autre part, le grand nombre d’ouvriers qu’emploie maintenant l’industrie a obligé de chercher les moyens d’améliorer leur sort et surtout de garantir contre les accidents imprévus ces hommes qui vivent au jour le jour. Les meilleurs de ces moyens sont ceux qui viennent de l’accord des intéressés ; par leur entente ils pourront obtenir ce que nul d’entre eux n’obtiendrait en particulier. L’ouvrier qui tombe malade ou est victime d’un accident aura rarement les ressources suffisantes pour se soigner et pour vivre mais que ses camarades viennent à son aide, comme il est venu à leur aide précédemment ou comme il y viendra dans l’avenir, et le voilà assuré du nécessaire. Il faut toutefois pour obtenir cela une organisation convenue et suivie, c’est-à-dire une association de secours mutuels ou d’assurance contre les accidents.

Il est bien difficile encore à un ouvrier de s’établir et de travailler à son compte, pres-


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