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jour, son salon était le rendez-vous des écrivains et des artistes de cette capitale, mais bien peu d’entre eux savaient quel était son passé. Ils la considéraient seulement comme une de ces vaillantes Françaises transplantées en Amérique par les événements, et chez lesquelles l’affection, vouée à leur nouvelle patrie, n’altère en rien l’amour ardent qu’elles conservent, dans le cœur, pour la terre natale. Ce fut seulement l’année qui suivit sa mort que M. Field publia sous le titre Esquisses familiales en France le recueil des lettres qu’elle lui avait écrites de Paris pendant son voyage de 1867 et les fit précéder d’une notice biographique. Jusque-là, on imaginait volontiers dans les milieux presbytériens, un peu étroits et fanatiques, qu’elle avait été la victime des persécutions des catholiques français. À quelques intimes seuls, Henriette Field avait parlé de ce qu’elle avait souffert, mais jamais à personne elle ne dévoila ce qu’elle avait su du secret de Praslin[1]. Quand elle le défendait, elle ne disait pas pourquoi elle le défendait. Mais peut-être espérait-elle que quelque jour, la justice immanente des choses rétablirait la vérité sur cet épouvantable drame.

  1. Jamais elle n’alla plus loin que dans le mémoire à ses juges, (août 1847). « C’est dans les enfants qu’on a dû le menacer ; c’est son amour pour eux qui l’a perdu. »