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présence en ces lieux, à cette heure avancée de la nuit.

Et, justement, Barba parla, et elle conta l’aventure de la dame de Men ar Froud.


— Men ar Froud, je dis cela pour ces trois plougs qui ne connaissent rien, est une roche isolée au large de Porz Gwen, entre la pointe de Pen ar Roc’h et la pointe de Veilgoz, un caillou presque impossible à aborder à cause des courants qui sont là plus vites qu’en aucun endroit du Fromveur, aussi rapides qu’un cheval au galop. Jamais pêcheur n’y met les pieds pour tendre ses lignes, parce qu’on a toujours affirmé que quand on touche Men ar Froud, on n’en revient pas ou c’est malheur. Et quelques-uns prétendent qu’en rangeant l’écueil et en le regardant d’une certaine façon à certaines heures, on pouvait autrefois y voir une femme qui ne s’y montre plus aujourd’hui.

— Kerbézéa l’a vue, interrompit Jeanne.

— Kerbézéa est mort.

— Et Lan Jourdren et Le Gallouet…

— Jean Antoine Mit, souffla Rose.

— Ceux-là aussi sont morts.

— Or, voici trois ans, reprit Barba, Ilono le « Pirate » et Pierre Coadou de Pennorz pas-