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après, et qui était aussi naïf qu’elle était pure.

Dehors, les trois îliennes se sentirent appétit joyeux. La nuit était noire comme de l’encre. Le vent était entièrement tombé. À travers champs, enjambant les muretins, elles rejoignirent la route de Lan Pol et, les mains dans les poches de leurs jupes, elles allèrent au hasard vers le Stiff. Depuis longtemps, l’extinction des feux avait été sonnée dans les baraques des coloniaux.

— Entrons chez Yanne, fit Rose Iliou.

Malgré que tous les débits fussent clos — réglementairement — il devait y avoir encore du monde, là, dans l’arrière-boutique. Elles frappèrent. On leur répondit bientôt. Quelques hommes, attardés dans le bouge, firent fête aux nouvelles arrivées. Puis, lorsque l’alcool eut par trop échauffé les têtes, vers une heure du matin, Yanne expulsa la bande et verrouilla sa porte.

Et quand ils furent dehors, le vent les fit rouler dans un chemin creux qui descendait vers Rulan comme vers les Ténèbres. Chacun avait emporté des bouteilles — mais où rencontrer un abri pour boire ?

Alors Jeanne songea à la maison Hono, une vieille chaumière isolée, bonne pour tous les