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de Chavel, exclues du chœur, à la grand’messe, parce qu’au lieu d’aller chez les sœurs, elles suivaient les classes de l’institutrice. Une autre affirmait que ses neveux qui fréquentaient l’école des frères quatre-bras, savaient seulement réciter leurs prières, « ce qui était déjà quelque chose », mais se trouvaient systématiquement privés de l’enseignement du français : c’était à peine si l’aîné, âgé de douze ans, parlait sa langue nationale.

Et Sidonie Postoun, pourtant bien pieuse, rappela l’affaire de ce sous-officier nègre dont le mariage avec l’institutrice fut retardé de deux mois, parce que la jeune femme étant divorcée ne pouvait recevoir la bénédiction de l’église et que le maire, terrorisé par le curé, refusait de les unir au civil. Le mariage eut seulement lieu lorsque cet officier municipal, qui avait exposé le cas à l’évêque de Quimper, reçut l’avis d’avoir à remplir ses fonctions et sentit ainsi sa conscience dégagée. Mais, dans une petite allocution dont il salua les nouveaux conjoints, le maire eut des paroles si insultantes pour le nouveau couple dont il assimilait l’union à « un mariage de chiens », que le militaire porta plainte et l’autorité préfectorale suspendit quelques semaines ce tyranneau.