Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se gênait si peu qu’elle « allait » avec ses camarades à lui.

Le fort terminé, Guyot fut désigné pour le Sénégal où il passa capitaine. Tous les mois, sans y manquer jamais, il envoya une partie de sa solde à Claire. Elle empochait l’argent sans rien modifier à sa conduite — et elle en faisait, je t’assure !

À son retour des colonies, Guyot vint passer son congé dans l’île. Il revit Claire et la laissa enceinte en s’en allant. Peu après son arrivée à Rochefort, il lui écrivit de venir le rejoindre. Claire hésita longtemps. Elle se décida, enfin, et il résolut de l’épouser sans retard. C’est à ce moment qu’elle releva ses cheveux et quitta son costume d’Ouessantine qui ne convenait plus à la femme d’un officier.

Guyot écrivit au maire d’Ouessant pour obtenir les papiers nécessaires au mariage. Le maire fut très surpris de cette demande. Il répondit au capitaine qu’il lui semblait impossible qu’un officier épousât Claire, en raison de sa conduite antérieure. À cette lettre, il ajoutait même la liste de ses amants et il laissait entendre que si elle allait être mère, ce n’était pas, bien sûr, des œuvres de Guyot.