Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parce que sa fille y est née, parce que son mari y naquit et parce qu’elle n’a pas d’autres biens ailleurs… Elle ne s’en ira jamais !

Et Barba souriait, sans méchanceté foncière, certes, mais elle souriait. Et elle ajouta doucement :

— Fallait pas qu’elle y vienne… Il n’y a donc pas assez d’hommes sur le continent ?

Herment s’était retourné vers la jeune femme qu’il apercevait encore. Il y avait quelque chose de poignant dans cette figure sans résignation. « Elle ne s’en ira jamais ! » Et voilà, pensa-t-il, voilà pourquoi, peut-être, elle se tient si souvent devant la porte de cette maison de Porz Ligodou juchée sur la falaise, usant ses yeux à découvrir la côte opposée, apparition bien indécise, même quand il fait exceptionnellement beau…


De loin en loin se détachaient sur la lande des petits monticules hauts d’un mètre environ et en forme d’Y, souvent faits de pierres, plus souvent de gleds, mottes de terre à laquelle adhérait encore le gazon. C’étaient, lui dit Barba, les goastigou ou abris de moutons, derrière lesquels les brebis mettent bas et se protègent contre les vents et les longues nuits d’hiver. La cons-