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« Voici qu’un jour, on annonça que le Samson, c’était le nom du bateau des deux amis, venait de se perdre. Et, ici, tu vas voir que cette histoire aussi rappelle un peu celle de Fanch. Il était dit que parmi les hommes qui étaient sauvés, on comptait un Ouessantin. Mais lequel ?… on ne savait pas. Les deux femmes habitaient porte à porte. Et si Jeanne Miniou était anxieuse, c’était de connaître si Antoine vivait encore, car son mari, elle s’en moquait pas mal !

« On attendit cinq semaines, sans nouvelle aucune. Et puis, ce fut Pierre Le Gall qui rentra. À sa vue, Jeanne Miniou s’abattit à terre sans connaissance. Et l’on pouvait penser que c’était un effet de la joie de revoir son mari. Hélas ! Il n’était pour rien dans cette émotion.

« Thérèse se jeta sur sa petite fille, comme une désespérée. Elle savait bien, désormais, ne plus devoir trouver qu’en elle de consolation. Et ce fut une chose navrante que de la voir vivre si près de la haine de Jeanne, car Jeanne Miniou jalousait jusqu’à ses larmes, elle qui n’avait pas le droit de pleurer.

« Aujourd’hui, les années ont passé. Mais Thérèse Mit est toujours détestée. Elle vit ici