Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/302

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

billons et aux remous qu’elle formait, affleurait un peu au-dessous du niveau des eaux. Alors, pour la première fois, Salomé sourit. Et il y avait quelque chose de perfide et d’implacable, une joie considérable, aussi, dans ce sourire, car, gouvernant vers l’écueil, elle jeta dessus la barque qui chavira dans un accompagnement de cris désespérés.


Or, une semaine après ce drame, Hodges s’était arrêté pour dire bonjour à Gervais, devant le débit de Louise Abgrall.

La mer avait rendu cinq cadavres, la veille et l’avant-veille ; et ce jour-là, on annonçait qu’une étrangère venait d’être découverte dans une petite crique voisine de Pern. Seul, le corps de Salomé Thorinn demeurait introuvable et Hodges s’en attristait car il portait dans son cœur le souvenir de cette fille étrange et qu’il avait aimée.

On ne comptait qu’un survivant, le cuisinier de l’hôtel, qu’on avait emmené dans la sortie nocturne, Parisien grassouillet, à peau de fille, et dont la mer, dégoûtée, n’avait pas voulu. Malgré que la plupart des gens le jugeassent incapable de fournir des détails satisfaisants sur l’accident, on l’interrogea, car ce sinistre,