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était livide. Je la trouvai très amaigrie. La pluie avait collé ses cheveux de jais sur ses tempes, et parfois, un frisson l’agitait.

Je pensai qu’elle avait bu et lui conseillai de rentrer chez elle. Marie remua la tête en dénégation :

— Je suis bien malade, dit-elle encore. Je suis restée trois jours toute seule à la maison, sans pouvoir sortir ; et aujourd’hui, un seau d’eau que j’ai avalé n’a pu calmer ma fièvre.

— De l’eau seulement ? lui demandai-je, assez incrédule.

Elle haussa les épaules et tourna son front vers Para Luc’hen, dédaignant de répondre. Enfin, elle continua : « — Je vais mourir. » Et elle trouva la force de sourire. « Allez, je vous prie, dire à Mme L’Hostis que vous m’avez « ramassée » ici et que je suis très mal. »

Je m’éloignai, sceptique, parce que je connaissais ses habitudes. Et je n’ignorais pas, non plus, que sa solide nature en avait vu d’autres. Tout de même, je fis sa commission à Mme l’Hostis, à laquelle je suggérai mes doutes. Mme L’Hostis ne répondit pas sur la question alcool. Elle dit seulement :

— Je sais. La pauvre femme est très souffrante. Elle a eu bien des misères aussi.