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de même ici, et l’on commençait de croire que ces hommes qui étaient venus en sauveurs contre les Anglais, méprisaient les Ouessantins et leurs traditions.

Elles chuchotaient cela entre elles. Et Louise décida de fermer sa porte et de ne plus causer avec un étranger.

Le Pantinois, pourtant, ne l’avait pas oubliée. Tout un jour, il se planta de faction devant la maison de la jeune fille qui, en l’apercevant, n’osa pas rentrer chez elle. Louise se réfugia chez Marie Créac’h, dont le père, un retraité de la marine, dissipait un peu de ses angoisses.

Mais au soir, quand elle regagna son domicile, Louise trouva le bandit dans la place. Il avait brisé un carreau, poussé la barre de bois qui remplace l’espagnolette de ces fenêtres rustiques, et s’était installé, en bras de chemise, déjà chez lui.

Il demanda à boire et à manger. Il fallut bien le servir. Alors, il resta là trois jours et trois nuits, ordonnant à une esclave. Il y serait resté plus longtemps si des hommes en armes n’étaient venus le chercher. Louise pensa qu’on le châtiait pour l’avoir battue, et, bien qu’elle le détestât de tout son cœur, elle s’affligea que