Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les autres, ceux qui étaient disponibles, partis sur la navigation, n’apparaissaient que rarement. À diverses reprises, des matelots de bâtiments naufragés avaient fait dans l’île de courtes apparitions, mais les plus hardies les avaient vite accaparés et Louise avait pu seulement les voir de loin.

Trois fois, elle avait été de noce. Or, ici, ces cérémonies ne sont pas, comme ailleurs, des occasions fournies aux jeunes gens de se réunir et de lier connaissance. Les noces ouessantines se réduisent à un cortège chantant d’îliennes qui promènent à travers le pays le marié et deux ou trois garçons d’honneur, tous gênés, au milieu de ces filles qui, dans leur innocence effrontée, ont l’air de célébrer une prise. Souvent même, faute d’amis présents dans l’île, le marié est seul.


En octobre 1898, Louise allait atteindre sa dix-huitième année, quand prit place un événement gros de conséquences pour l’avenir de l’île.

Un matin, deux remorqueurs doublèrent le Piliguet et entrèrent dans la baie de Lan Pol. Leur fumée les avait désignés de loin à l’attention des natifs. Au moment où ils passèrent le