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dans la baie de Béninou ou qu’il se précipite vers Pern. C’est ainsi que se noyèrent, voici deux mois, Henriette Coffec et Marthe Ivilinn... Bastien reste à certains moments, même pendant la belle saison, bloqué deux semaines, parfois plus longtemps encore, sans communication possible avec nous. Pensez donc ce que cela peut être avec de la houle et par les rafales d’hiver.

Mais, dans l’archipel d’Ouessant et sur la côte continentale en bordure du chenal du Four, il y a de ces groupes d’îlots, des cailloux, bien plutôt, que vous supposeriez seulement peuplés par des oiseaux aquatiques, et où vivent, d’un bout de l’année à l’autre, ou par intermittences, comme à Bannec, comme à Balanec, comme à Lédénès, des pêcheurs ou des goémonniers ou, encore, quelques solitaires blottis sous des huttes primitives, et qui représentent, au ras de l’écume des flots, parmi le souffle chagrin du vent de mer, la vie humaine.

— Monsieur Leroux, continua-t-elle, et vous aussi, Yan — vous avez connu Stéphan-le-Noyé, de Pennarcréac’h, qui vécut trois ans à l’île Lytiry, fou de douleur parce que sa femme, Yvonne Stanquigou, était partie, au lendemain de ses noces, avec le capitaine du voilier