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la mort en croupe




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J’irai devant la mer qui plisse sa surface
Et qui cabre ses flots au coup de fouet du vent ;
L’azur rose de l’heure enchantera sa face,
L’horreur se cachera sous le miroir mouvant.

J’irai sur les sommets grésillants de cigales ;
Sous mon pied comme un cri naîtra l’odeur du thym ;
Le chêne dans la feuille aura tourné la galle,
L’abeille attachera ses pattes au butin.

En bas je pourrai voir les villes et les plaines
Où les fleuves, couchant leurs bandes de clarté,
Unissent aux lointains leurs humides haleines :
L’infini croupira sur ce pays d’été.