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l’âme en bourgeon


Ainsi, mon cœur, ton renouveau
Jette dans l’ombre son cri grêle
Et te voilà comme un oiseau
Qui tape sur sa coque frêle

Parce que je tiens dans mon flanc,
Sur un coussin de primevères,
Le bourgeon d’homme somnolent
Qu’ont nourri mes forces premières

Et que son petit poing frondeur
Mène les candides vendanges
Des fleurs de lait, du jour baveur
Et des insectes dans leurs langes.

Il est là. L’abeille lui dit :
J’ai du nouveau miel pour tes lèvres,
Pour tes jeux sur l’herbe bondit
Un chevreau blanc entre les chèvres.