Page:Sauvage - Tandis que la terre tourne, 1910.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
l’âme en bourgeon


Car jamais plus mon cœur qui parle avec le tien
Cette langue muette et chaude des pensées
Ne pourra renouer l’étreinte délacée :
L’aurore ne sait pas de quelle ombre elle vient.

Non, tu ne sauras pas quelle Vénus candide
Déposa dans ton sang la flamme du baiser,
L’angoisse du mystère où l’art va se briser,
Et ce goût de nourrir un désespoir timide.

Tu ne sauras plus rien de moi, le jour fatal
Où tu t’élanceras dans l’existence rude,
Ô mon petit miroir qui vois ma solitude
Se pencher anxieuse au bord de ton cristal.