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l’âme en bourgeon


LA TÊTE


Ô mon fils, je tiendrai ta tête dans ma main,
Je dirai : j’ai pétri ce petit monde humain ;
Sous ce front dont la courbe est une aurore étroite
J’ai logé l’univers rajeuni qui miroite
Et qui lave d’azur les chagrins pluvieux.
Je dirai : j’ai donné cette flamme à ces yeux,
J’ai tiré du sourire ambigu de la lune,
Des reflets de la mer, du velours de la prune
Ces deux astres naïfs ouverts sur l’infini.
Je dirai : j’ai formé cette joue et ce nid