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le vallon


XXXVII




Lorsque l’eau voudra, lasse d’être morte,
Tordre ses cheveux d’algues au soleil.
Le vent du printemps poussera ma porte
Et me tirera de mon long sommeil.
Il me dira : Viens, prends ma main légère,
La neige a fondu, les toits vont fleurir,
Une jeune mousse a caché sous terre
Avec son tapis le vieux souvenir.
L’ombre est transparente entre les ramures,
Ton cœur doit souffrir d’un hiver si long,
Entends l’eau chanter argentine et pure
Comme un rossignol. — Je dirai : Allons.
Et peut-être alors en mon cœur qui pleure
J’entendrai piailler de petits oiseaux
Qui ne veulent pas que le printemps meure
Dans ma chair trop jeune et seront éclos.