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le vallon




Éternelle, muette et large solitude,
Les ombres ont ici une telle amplitude,
Un tel pouvoir de rêve et de recueillement
Émane de ces bleus et longs vallonnements
Que l’âme extasiée au faîte de l’espace
Élève la pelouse où les bouleaux s’effacent.
Au loin, le monde pâle et ses coteaux dormants
Et son humanité falote en mouvement
Se voile, dessinant sous l’atmosphère humide
La ligne et la douceur de son orbe limpide ;
Et c’est durant la nuit de ces espaces calmes
Que la sphère terrestre apporte jusqu’à l’âme
Le chant pur et léger d’un silence lointain
Qui poursuit sa rumeur dans le sommeil divin.