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l'espèce I ne peuvent pas se manifester partout également. Les mêmes remarques s’appliqueraient à u et w, ü et .

Ceci éclaire la question de la diphtongue. Elle n’est qu’un cas spécial du chaînon implosif ; les groupes a͐r͐ta et ta sont absolument parallèles ; il n’y a entre eux qu’une différence d’aperture du second élément : une diphtongue est un chaînon implosif de deux phonèmes dont le second est relativement ouvert, d’où une impression acoustique particulière : on dirait que la sonante continue dans le second élément du groupe. Inversement un groupe comme t᷾y᷾a ne se distingue en rien d’un groupe comme t᷾r᷾a, sinon par le degré d’aperture de la dernière explosive. Ceci revient à dire que les groupes appelés par les phonologistes diphtongues ascendantes ne sont pas des diphtongues, mais des groupes explosivo-implosifs dont le premier élément est relativement ouvert, mais sans qu’il en résulte rien de particulier au point de vue acoustique t᷾y᷾a͐). Quant aux groupes du type u͐o, i͐a, avec l’accent sur et , tels qu’on les trouve dans certains dialectes allemands (cf. buob, liab), ce ne sont également que de fausses diphtongues qui ne donnent pas l’impression d’unité comme o͐u͐, a͐i͐, etc. ; on ne peut pas prononcer u͐o͐ comme implos. + implos. sans rompre la chaîne, à moins qu’un artifice n’impose à ce groupe l’unité qu’il n’a pas naturellement.

Cette définition de la diphtongue, qui la ramène au principe général des chaînons implosifs, montre qu’elle n’est pas, comme on pourrait le croire, une chose discordante, inclassée parmi les phénomènes phonologiques. Il est inutile de lui faire une case à part. Son caractère propre n’a en réalité aucun intérêt ni aucune importance : ce n’est pas la fin de la sonante qu’il importe de fixer, mais son commencement.

M. Sievers et beaucoup de linguistes distinguent par l’écriture i, u, ü, , , etc. et , , ü̯, r, n, etc. (i̯ = « unsilbisches » i, i = « silbisches » i), et ils écrivent mirta,