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(comme p, t, k) par celui de psīlai, que les Latins traduisaient par tenuēs.

2o On peut trouver des renseignements plus sûrs en combinant ces premières données avec les indices internes, que nous classerons sous deux rubriques.

a) Indices tirés de la régularité des évolutions phonétiques.

Quand il s’agit de déterminer la valeur d’une lettre, il est très important de savoir ce qu’a été à une époque antérieure le son qu’elle représente. Sa valeur actuelle est le résultat d’une évolution qui permet d’écarter d’emblée certaines hypothèses. Ainsi nous ne savons pas exactement quelle était la valeur du ç sanscrit, mais comme il continue le k palatal indo-européen, cette donnée limite nettement le champ des suppositions.

Si, outre le point de départ, on connaît encore l’évolution parallèle de sons analogues de la même langue à la même époque, on peut raisonner par analogie et tirer une proportion.

Le problème est naturellement plus facile s’il s’agit de déterminer une prononciation intermédiaire dont on connaît à la fois le point de départ et le point d’arrivée. Le au français (par exemple dans sauter) était nécessairement une diphtongue au moyen âge, puisqu’il se trouve placé entre un plus ancien al et le o du français moderne ; et si l’on apprend par une autre voie qu’à un moment donné la diphtongue au existait encore, il est bien certain qu’elle existait aussi dans la période précédente. Nous ne savons pas exactement ce que figure le z d’un mot comme le vieux haut allemand wazer ; mais les points de repère sont, d’une part, le plus ancien water, et de l’autre, la forme moderne wasser. Ce z doit donc être un son intermédiaire entre t et s ; nous pouvons rejeter toute hypothèse qui ne serait conciliable qu’avec le t ou avec le s ; il est par exemple impossible de croire qu’il ait représenté une palatale, car entre