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foule, et regrettant en patriote l’aveuglement des Français[1].

Passerat n’était pas seulement un savant, un profond érudit : c’était aussi un poète élégant en français et en latin, dont le talent s’était inspiré aux sources de l’antiquité. Loin d’affecter le sérieux et la gravité d’un pédant, c’était un homme d’humeur gaie, lecteur assidu de Rabelais, sur les œuvres duquel il avait écrit un commentaire, détruit par son ordre à l’heure de sa mort. On peut le considérer comme l’auteur, ou tout au moins l’inspirateur, de certains passages de la Ménippée évidemment imités de Rabelais ; on pourrait même aller plus loin, dans cette voie de l’hypothèse, et inscrire à son avoir le Discours de l’Imprimeur sur l’explication du mot de higuiero d’infierno, discours imprimé à la suite dé la Satyre, et au bas duquel jusqu’ici personne n’a songé à mettre une signature. L’érudition grecque et latine étalée sans prétention par le Seigneur Misoquene n’est pas indigne de Passerat, et tout ce Discours plein de fantaisie, de gaieté et de bon sens s’accorde bien avec le caractère et l’humeur qu’on lui connaît. Il n’y a pas jusqu’à une très curieuse appréciation du talent de Rabelais, appréciation qui n’a été remarquée par aucun des précédents commentateurs de la Satyre, qui ne porte la marque de son admiration pour l’illustre railleur en même temps

  1. Voir sur Passerat : Mémoires sur le Collège royal de France, par l’abbé Goujet, seconde partie, p. 130 ; — Mémoires sur les Troyens célèbres, dans les Œuvres inédites de Grosley, t. II, p. 295 ; — Vie de Passerat, dans les Éphémérides de Grosley, t. I, p. 231.