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Que chacun au départ, s’en charge et fait très-bien,
Car celui de Canuse est dur et ne vaut rien.
On y manque aussi d’eau ; cet endroit misérable
Est le même où, pour fuir une haine implacable,
D’une ville nouvelle élevant les remparts,
Diomède autrefois planta ses étendards.
Varius, à regret, en ce moment nous quitte
Et partage en pleurant les regrets qu’il excite.
De là par des chemins que la pluie a gâtés,
Sur nos chars lentement à Rubi transportés,
Nous y faisons séjour et la troupe respire.
Le lendemain beau tems, mais chemin encor pire ;
Et nous marchons ainsi jusqu’aux bords poissonneux
Qui baignent de Bari les remparts sinueux.
Une ville construite en dépit des Naïades,
Gnatie où les cerveaux sont, je crois, tous malades,
Pour nous dédommager d’un trajet fatigant,
Nous amuse le soir d’un conte extravagant.
L’encens sur les autels, sans qu’un prêtre l’allume,
De lui-même, dit-on, sans flamme se consume.
Qu’on fasse cette histoire à quelque circoncis ;
Pour moi je ne crois point à de pareils récits ;
Convaincu que les dieux, dans une paix profonde,
Aux lois de la nature abandonnent le monde,
Et que si nous voyons un prodige ici-bas,
Tranquilles dans le ciel, ils ne s’en mêlent pas.
Enfin Brundusium nous montre son rivage
Où finiront mes vers, ainsi que mon voyage.