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Et moi, pour avoir dit en riant et sans glose,
Gorgonius sent l’ail et Rufillus la rose,
Je suis, à vous entendre, un méchant, un jaloux !
Qu’on vienne dans un cercle à parler devant vous,
Des vols de Pétillus vous criez à l’outrage,
Et vous le défendez, fidèle à votre usage :
Pétillus, dites-vous ! c’est un homme d’honneur :
Il est de mes amis : il fut mon bienfaiteur,
Et je suis enchanté de voir que dans la ville,
Absous et triomphant, on le laisse tranquille.
Pourtant j’en suis un peu surpris, je l’avouerai,
Et c’est un trait d’esprit de s’en être tiré.
Voilà ce qu’on appelle une adroite malice,
Un trait noir et méchant : cet infâme artifice,
Jamais, ou que je sois le plus lâche imposteur,
N’est entré dans mes vers, ni surtout dans mon cœur.
Qu’il m’échappe un bon mot, mes amis, je l’espère,
Me le pardonneront : c’est un tort de mon père :
Ce bon père, soigneux de former ma raison,
Toujours de quelque exemple appuyait sa leçon.
M’engageait-il à vivre avec économie,
Content d’un bien modeste acquis sans infamie ?
Vois-tu, me disait-il, les excès d’Albius ?
Vois-tu la pauvreté du fils de Byrrhius ?
Avis aux jeunes gens dont l’aveugle démence
Dissipe en peu de jours un patrimoine immense !
Fallait-il m’arracher des bras d’une Laïs ?
Ô mon fils, garde-toi d’imiter Tanaïs :
Ou bien, pour me guérir d’ardeurs illégitimes,
Lorsque l’hymen m’offrait des voluptés sans crimes,