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SATIRE III.



CONTRE LA PARESSE DES JEUNES GENS.

Que vois-je ? encore au lit ! le soleil, de ses traits,
De votre appartement a percé les volets ;
L’ombre marque midi. Quel pilier de taverne,
À cette heure, en ronflant, cuve encor son falerne ?
Y pensez-vous ? déjà dans le fond des vallons
L’ardente canicule embrase les moissons ;
Et partout les troupeaux quittant le pâturage,
Sous les ormes touffus viennent chercher l’ombrage.
— Vraiment ! se pourrait-il ? Holà, quelqu’un, holà !
Vite donc. Juste ciel ! voyez si l’on viendra !
J’enrage ! Et des accents d’un coursier d’Arcadie
Vous croiriez, à ces mots, ouïr la mélodie.
Enfin il prend son livre ; enfin le parchemin,
La plume, le papier, il a tout sous la main ;
Mais bientôt il retombe au sein de la paresse.
Son encre est trop liquide, ou bien est trop épaisse,
Et le tube léger que font mouvoir ses doigts,
En verse à chaque mot deux gouttes à la fois.