Page:Satires d'Horace et de Perse.djvu/193

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Vos nobles qualités vous ont gagné mon cœur :
De plus d’un grand procès je suis sorti vainqueur ;
Je connais la chicane, et plutôt que j’endure
Qu’un fripon, ajoutant le dommage à l’injure,
Vous ose seulement appauvrir d’une noix,
Je me ferai pour tous crèver les yeux cent fois.
Non, vous ne perdrez rien, je puis tous le prédire,
Et nul à vos dépens n’aura sujet de rire.
Dis lui de se fier à ton activité,
De retourner chez lui, de soigner sa santé ;
Et soudain embrassant toute la procédure,
Roidis-toi, souffre tout, la chaleur, la froidure ;
Soit lorsque Sinus embrâsant nos guérets,
Comme on dit aujourd’hui, fend les marbres muets ;
Soit lorsque Furius de son épaisse masse
Traînant péniblement le poids qui l’embarrasse,
Sur le haut Apennin hérissé de glaçons,
Crache emphatiquement la neige à gros flocons.
Voyez-vous, se diront les témoins de ton zèle,
Comme des vrais amis cet homme est le modèle !
Comme il est serviable ! et le thon par milliers
Dans la nasse surpris remplira tes viviers.
Un père avec tendresse élève un fils unique,
D’une fortune immense héritier rachitique !
Pour qu’il ne vienne pas à l’esprit des méchants,
Que tu ne fais la cour qu’aux vieillards sans enfans,
Cherche à t’insinuer auprès de ce bon père.
Obtiens d’être en second nommé son légataire.
Le fils mort, tous ses droits sont les tiens désormais ;
C’est une loterie où l’on ne perd jamais.