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Vaincu, pour monument funéraire il lui restera le bois desséché de la potence ; pour toute gloire, quelques pleurs de femme et les longs entretiens nocturnes de ses compatriotes.


À côté d’accents aussi terribles, les implorations du barde-prêtre, à la fin du Livre des pèlerins polonais, sont presque rassérénantes. Certes, la douleur qu’elles exhalent est immense, mais leur appel monte vers le trône du Dieu qui peut tout, et elles participent de la majesté auguste et de l’apaisement de la prière :


Kyrie eleison, Christe eleison.

Notre Père, qui as tiré ton peuple de la servitude d’Égypte
et l’as ramené dans la Terre Sainte,
Ramène-nous dans notre patrie.
Fils de Dieu, notre Sauveur, qui as été martyrisé et crucifié,
puis qui es ressuscité et qui règne dans la gloire,
Réveille notre patrie d’entre les morts.
Mère de Dieu, que nos pères appelaient reine de Pologne
et de Lithuanie,
Sauve la Pologne et la Lithuanie.

De la servitude moscovite, autrichienne et prussienne,
Délivre-nous, Seigneur.
Par le martyre des trente mille guerriers de Bar,
Morts pour la foi et la liberté,
Délivre-nous, Seigneur.
Par le martyre des vingt mille citoyens de Praga,
Morts pour la foi et la liberté,
Délivre-nous, Seigneur.
Par le martyre des jeunes Lithuaniens tués sous le bâton,
morts dans les mines et en exil,
Délivre-nous, Seigneur.
Par le martyre des habitants d’Oszmiana, massacrés dans
les églises et dans les maisons,
Délivre-nous, Seigneur.