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LA HAINE.

SCARLONE, haussant l’épaule.

Et ça se dit Guelfe !

BUONOCORSO.

Pleurnicheur, va !…

PORCIA, assise sur le banc, au pied de la colonne, et riant avec Buonocorso.

Faire la cour aux nourrices ! (Rires.)

UGONE, haussant

Voulez-vous que je vous dise, vous autres ?… À force de fréquenter ces brutes d’aventuriers, qui ne se battent que pour le butin, vous finirez par n’être plus, comme eux, que des bandits. — Mais, par mon salut !… quelqu’un qui ne sera pas des vôtres… c’est le fils de mon père ! — Ennemis dans la bataille, soit !… mais après, trinquons ! (Rire railleur de Buonocorso, il va lentement à lui, et avec intention.) Et celui qui pense autrement… je le mets plus bas qu’un chien lépreux !

BUONOCORSO, se redressant, son poignard à la main.

C’est pour moi que tu dis ça ?

UGONE, tranquillement.

Tu te reconnais donc ?…

BUONOCORSO, calmé.

Toi !… si tu n’avais pas tes épaules !…

UGONE, de même.

Oui ; — mais j’ai mes épaules !… Passe-moi le vin.

BUONOCORSO, stupéfait.

Hein !…

UGONE, froidement menaçant.

Passe-moi le vin !…

BUONOCORSO, intimidé, et avec un geste de rage.

Voilà !…

UGONE.

C’est ça !… (Il remonte en buvant. — Rires des soldats qui se moquent de Buonocorso.)