Page:Sardou - La haine.djvu/166

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moi !… (Il écoute. — Silence profond. — Furieux, ébranlant la porte.) Mais répondez-moi donc, misérables ! (Silence.)

CORDELIA, épouvantée.

Mon Dieu !… qu’est-ce donc ?

ORSO, sans lui répondre, redescendant fou de douleur.

Rien !… rien !… que ces voûtes qui résonnent !… Oh !… peuple infâme !… lâches bourreaux qui nous murent là tout vifs ! (On entend au loin, dans la rue, le chant de victoire.) Et ils chantent !… ils chantent ma victoire !… Ah ! cette grille !… je la briserai bien, et de ses débris !… je la démolirai, leur tombe ! (Il s’élance sur la grille de droite et cherche à l’arracher, puis tout à coup pousse un cri de douleur.) Ah !…

CORDELIA, se redressant sur ses genoux.

Orso !…

ORSO, livide, se cramponnant à la grille.

Oh ! Dieu !…

CORDELIA.

Ce cri ?

ORSO, d’une voix défaillante.

Rien !… ne bouge pas !…

CORDELIA, cherchant à se relever pour aller à son secours.

Qu’as-tu ?…

ORSO.

Rien… te dis-je !… Cet effort que j’ai fait !… Ma blessure s’est rouverte !…

CORDELIA.

Ah ! Dieu !… attends… (La force lui manque et elle retombe en soupirant d’une voix déchirante.) Ah ! je ne peux plus te secourir cette fois !… je ne peux pas !…

ORSO.

Qu’importe, moi !… Puisse toute ma vie s’écouler avec