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ACTE CINQUIÈME.

GIUGURTA, après un coup d’œil à Cordelia.

Décidément, mon Frère… il vaudrait peut-être mieux appeler quelqu’un !…

LE MOINE.

C’est que nous ne sommes plus que deux ici, à la garde du sanctuaire !… tout le clergé étant allé avec Monseigneur au-devant de nos soldats !… (On entend au loin chanter un chœur de victoire.)

GIUGURTA.

Les voici qui reviennent !… Allez vite chercher votre compagnon, mon Frère ; on ne saurait trouver ici ma sœur en cet état !…

LE MOINE, inquiet.

J’y vais Grand Dieu !… la peste dans la ville !… (Il rentre dans le chœur. On entend dans les rues, se rapprochant, le chant de victoire.)


Scène V.

GIUGURTA, CORDELIA évanouie.

(Giugurta, seul, prend le flacon sur les marches, — regarde ce qu’il en resté, et le serre ; puis il va ramasser son manteau et son chapeau tombés à terre, dans sa scène avec Cordelia, et jette le manteau sur son épaule. — Puis il détache une des fleurs qui sont sur l’autel, la trempe dans le bénitier, la jette sur sa sœur, et s’éloigne ; au même instant, le chœur de victoire éclate près de l’église, et dès qu’il a disparu, le portail du fond s’ouvre à deux battants, laissant voir la rue éclairée par la lune, et la foule avec des torches.)