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ACTE CINQUIÈME.

sûr encore, s’il ne partait en ce moment, pour recevoir à la porte Romaine nos troupes victorieuses !… (On entend dehors des chants d’église qui s’éloignent jusqu’à la fin de la scène.)

CORDELIA, vivement.

Vous allez au-devant d’Orso, mon Père ?

LE CHANOINE.

Pour le ramener au Dôme, avec les trophées de sa victoire !…

CORDELIA, rassurée.

Ah ! bien ! bien, mon Père. — Si Orso vient ici… Voilà qui me rassure tout à fait !…

LE CHANOINE.

Ne voulez-vous pas vous joindre à nous ?…

CORDELIA.

Non, mon Père !… non ! — Seule, ici,… à prier dans l’ombre, je me crois plus en sûreté pour l’attendre !

LE CHANOINE.

Je le crois aussi, Madame !… Dieu vous garde, jusqu’à notre retour…

CORDELIA.

Merci, mon Père !… Mais à présent,… je n’ai plus rien à craindre (Le chanoine disparaît dans le chœur. Elle s’agenouille pour prier sur les marches de l’autel de droite. Les chants d’église s’éloignent de plus en plus.)


Scène III.

CORDELIA, GIUGURTA.

(Il parait au fond, ouvrant la petite porte du portail, par laquelle est entrée Cordelia, cherche du regard, dans l’église vide, aperçoit Cordelia agenouillée, descend entre les colonnes de la chaire, jusqu’aux marches du chœur, où il s’agenouille un instant, puis va lentement à Cordelia, tandis que s’éteignent au loin les derniers chants de la procession qui s’éloigne.)

GIUGURTA, froidement.

Quand tu auras fini ta prière !… je suis là !…