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LA HAINE.

CORDELIA, inquiète, vivement.

Tu pars ?

GIUGURTA.

Oui !…

CORDELIA, effrayée.

Et par ce chemin !… Ah ! Giugurta, si tu voulais !… pourtant !… Si tu voulais !…

GIUGURTA, surpris.

Quoi ?…

CORDELIA, prête à lui indiquer la porte d’Orso.

Un autre chemin peut-être !…

UBERTA, résolue et se levant, avec autorité.

Non, il n’y en a pas d’autre, ma fille !… (Prenant la lampe.) Viens, Giugurta, voici ta route… et pour ta sûreté, c’est moi qui marcherai devant toi !…

GIUGURTA, à Cordelia, en l’embrassant.

Adieu !… (Il va pour s’engager sur l’escalier.)

CORDELIA, vivement, le retenant.

Attends !… (Uberta et Giugurta s’arrêtent. — A Uberta.) Il le faut bien… n’est-ce pas ?…

UBERTA, séparant leurs mains.

Oui, ma fille !… Il le faut !… (A Giugurta.) Viens !

CORDELIA, à Giugurta, tandis qu’il disparaît.

Que Dieu veille sur toi !… (Seule, épuisée.) et qu’il juge si je fais ou non mon devoir… Moi je ne sais plus !… (Elle les suit des yeux, appuyée contre la colonne de l’escalier.)


Scène V.

CORDELIA, ORSO.

(Tandis que Cordelia, du haut de l’escalier, suit des yeux son frère dans le jardin, la porte de droite s’ouvre et Orso paraît, tout pâle et sans armes