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ACTE QUATRIÈME.

CORDELIA, bondissant devant elle pour l’en empêcher[1].

Malheureuse ! — pour qu’il le tue !

UBERTA, éclatant.

C’est Orso ! — Nie-le donc maintenant !…

CORDELIA.

Eh bien, oui !… c’est lui ! — Mais au nom du ciel !… tais-tois !…

UBERTA.

Sauvé par toi !… lui ! — O misérable fille !…ramasser dans la rue l’ennemi de ta race, le bourreau de mon fils !… l’assassin de ton honneur !… et lui donner asile chez toi !… à deux pas de cette chambre, où il…

CORDELIA, cherchant à la prendre dans ses bras.

Uberta !…

UBERTA, se dégageant.

Et voilà ton œuvre !… maudite !…

CORDELIA, tombe sur le siége près de la table.

Ah !… toi-même !… si tu l’avais vu comme moi… torturé par la soif !…

UBERTA.

Il fallait donc prévoir ces subites faiblesses,… cœur débile !… et ne pas m’arracher le poignard des mains !… J’aurais fait ma besogne, moi-même,… en mère implacable, moi !… et non pas en fille indulgente à l’outrage !…

CORDELIA.

Écoute-moi seulement, et…

UBERTA, sans l’entendre.

Ah ! tu prends à ton compte la vengeance commune… et voilà comme tu l’exerces ! — Et tu n’as pas conscience, parjure, que ta pitié pour cet homme est un crime envers moi ?…

  1. Cordelia, Uberta.