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LA HAINE.

CORDELIA, s’arrêtant, égarée.

De l’eau !… Ah ! oui, la fièvre !… la soif ! le sang !… C’est de l’eau qu’il veut !…

ORSO.

Par pitié !…

CORDELIA, émue.

Ah ! Dieu clément !… comme il souffre !… Et c’est moi qui ai fait cela !… Quelle horreur !

ORSO, retombant avec un appel plus déchirant que les autres.

Un peu d’eau… par pitié… ou je meurs !…

CORDELIA, vivement, cherchant autour d’elle.

Oui ! oui… mais comment ? (Elle voit à terre un fragment de casque qu’elle ramasse vivement.) Ah !… ceci !… (Elle puise de l’eau qu’elle lui apporte.) Attends !… courage !… Tiens ! tiens ! bois cela !… malheureux !… Bois vite ! bois !… (Au même instant, Uberta, sortie de l’église, parait au fond, sur les marches, sans voir Cordelia qui, à genoux près d’Orso, lui est cachée par la fontaine.)

UBERTA.

Cordelia !…

CORDELIA, effrayée.

Ah !

ORSO, dont Cordelia soulève la tête, après avoir bu, retombant épuisé.

Encore !…

CORDELIA, suivant des yeux Uberta qui traverse au fond, et se penchant sur lui pour le cacher à la nourrice, à demi-voix.

Tais-toi !… Tais-toi !… si tu veux que je te sauve !… (Uberta sort par la gauche, Cordelia cachant Orso qu’elle couvre de son corps. — La toile tombe.)

FIN DU TROISIÈME ACTE.