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prisonnier

gabions, de chevaux de frise, d’étoiles, d’araignées, rien ne manque. Est-ce un travail récent du vainqueur d’hier, ou le travail ancien de nos territoriaux, quand la ferme des Chambrettes était en arrière de nos lignes ?

Nous laissons à droite la ferme qui paraît à peu près intacte, nous entrons dans un bois, et nous voici devant un formidable gourbi souterrain, à deux entrées, couvert de plusieurs rangées de rondins et couches de terre alternées, émergeant d’au moins deux mètres au-dessus du sol, entouré d’un sentier de caillebotis, — gourbi somptueux, digne d’un général de division.

Le leùtnant nous précède, pour nous annoncer. Par un couloir en pente douce terminé en escalier coudé, nous pénétrons dans une vaste chambre solidement étayée.

C’est le poste de commandement du colonel.

Au fond, des lits de camp : bas-flanc, matelas et couvertures. À droite, une table et des chaises. Deux officiers, habillés de gris. Ils se lèvent, et nous saluent. Le leùtnant dit quelques mots en allemand, si vite et si bas que nous ne comprenons rien. On nous invite à nous asseoir. Au mur un appareil téléphonique. Dans un coin, un poêle allumé. Sur la table, un autre appareil téléphonique, quelques papiers, une boîte de cigares, et une grande carte du secteur.

Le plus âgé des deux officiers allemands est l’oberst[1] commandant le 36e régiment saxon d’infanterie. Il

  1. Oberst = Colonel.