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offiziergefangenenlager


Près d’un village des plus laids
Un morne bâtiment s’élève.
Est-ce une usine, est-ce un palais ?
C’est la prison de notre rêve.

Un double rang de fils de fer
Nous enclot du reste du monde.
C’est la borne de notre enfer
Et de notre tombe profonde.

C’est là que nous vivons, parmi
Nos songes que le temps mutile.
L’air qu’on respire est ennemi
Et le ciel lui-même est hostile.
 
N’importe. Rien n’atteint jamais
Le vol radieux de nos rêves.
Ils trouvent bas tous les sommets
Et toutes les distances brèves.

Ils vont, nos rêves douloureux,
Par-delà les monts et les plaines.
Il n’est pas de prison pour eux :
Qui pourrait leur forger des chaînes ?