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le saloir de mayence

Personne n’y touchera. Une sentinelle les gardera. Et il est prudent que nous n’emportions rien avec nous, parce que nos vêtements nous seront retirés en bas pour être soumis, pendant vingt-quatre heures, à des procédés de désinfection qui risqueraient de détériorer les choses que nous oublierions de préserver. L’homme qui nous donne ces instructions insiste trop, et l’ordonnance belge sourit d’un air trop averti, pour que nous n’ayons pas le sentiment bien net que nos petits sacs seront fouillés pendant notre absence. Mais que faire ? Quelques officiers veulent essayer à tout prix de sauver des trésors : qui des billets de banque, qui une boussole, qui un carnet de souvenirs. On cherche des cachettes : sous une armoire, dans une paillasse, sous la coiffe d’un casque, que sais-je ? Et, pleins d’inquiétude, nous descendons vers la salle des douches, qui est installée au sous-sol même du bâtiment no III.

Nous descendons par le grand escalier, munis d’une serviette et d’une de nos deux couvertures de laine blanche. Devant la porte du Baderaùm, un soldat français nous distribue de grands anneaux de fer garnis d’une plaque portant un numéro. À cet anneau nous enfilerons par la boutonnière nos vêtements et notre linge, comme des clefs à un trousseau, et le tout ira à la désinfection. À côté du soldat français, au seuil même de la salle qui précède le Baderaùm, se tient un soldat allemand. Sans s’occuper de la corpulence des individus, il nous met entre les mains une chemise, un caleçon, une paire de chaussettes, le tout à l’état de neuf, et une savonnette. Mon Dieu ! que cette organisation est admirable ! La che-