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coup de peine. Le vicomte raconta l’histoire de sa présentation, confirma tout ce que maître Jolibois avait dit la veille, et ne se lassa pas de répondre aux questions que M. Levrault ne se lassait pas de lui adresser. Pour un homme foudroyé avant l’âge, il avait, comme on dit, la langue bien pendue, et ne tarissait pas. Décidément, il disposait des faveurs de la cour. Il ne voulait rien, mais il pouvait tout. M. Levrault l’écoutait comme un oracle et pensait avec complaisance à tout le parti qu’il pourrait tirer d’un pareil gendre. Il voyait tout à la fois en lui un pont pour franchir l’abîme qui le séparait des honneurs, une échelle pour escalader le pouvoir, une clé pour ouvrir les portes du Luxembourg. De temps en temps Laure mêlait quelques paroles à l’entretien. Aussitôt qu’elle ouvrait la bouche, le vicomte frissonnait, se tournait vers elle et