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mariés. Laure et Gaston les observaient avec tristesse, et, quand leurs regards se rencontraient, chacun des deux détournait la tête, comme s’il eût craint d’être deviné. Les deux époux de la journée n’avaient ni titres ni richesse, mais ils s’adoraient, ils étaient heureux. Laure ouvrit le bal avec le fils du fermier, et Gaston avec l’épousée. Le jeune marié exprimait naïvement son ivresse, et Laure l’écoutait avec une curiosité mêlée de douleur ; la jeune femme ouvrait ingénument son cœur, et Gaston l’écoutait avec mélancolie. Rêveurs, préoccupés pendant le reste de la soirée, Laure et Gaston promenaient autour d’eux un regard distrait ; ils se disaient au fond de leur conscience qu’il faut bien peu de chose pour être heureux, quand on s’aime, et que la pauvreté a ses fêtes tout aussi bien que l’opulence.

La soirée était belle ; ils partirent à pied.