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vis-à-vis d’elle dans la position d’un débiteur insolvable en face d’un créancier toujours présent. Sans doute le décret qui abolissait les titres n’avait à ses yeux aucune valeur, il savait bien qu’un trait de plume ne suffit pas à rayer le passé, il avait bien la conscience d’être aujourd’hui ce qu’il était hier ; mais il connaissait la puérile vanité de Laure, il regrettait ce hochet donné en échange de la richesse et si tôt brisé. Laure, en effet, n’avait pas pris gaiement la chose. Elle n’avait épousé Gaston que pour avoir un titre ; elle avait troqué ses écus contre une couronne de marquise ; sa couronne brisée, son titre déchiré, elle avait fait un marché de dupe. Elle eût rougi de se plaindre ; quel reproche lui adresser ? Pouvait-elle lui faire un tort des événements accomplis ? Cependant Gaston devinait trop bien ce qui se passait en elle.

En lisant le décret qui abolissait la pairie,