Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/341

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cueillant, n’oubliaient jamais la distance qui la séparait d’elles. Un imperceptible sourire, je ne sais quoi de hautain ou de distrait dans le regard disait clairement que la boutique de son père n’était un mystère pour personne. Chose étrange ! on pardonnait à Gaston d’avoir bien voulu descendre jusqu’à elle ; on ne pardonnait pas à Laure d’avoir voulu monter jusqu’à lui. Au milieu des fêtes les plus brillantes, elle se sentait isolée ; l’atmosphère qu’elle respirait était glacée. Un vague malaise pesait sur son cœur. Rentrée chez elle, seule avec elle-même, elle repassait dans sa mémoire toutes les paroles qu’elle avait entendues, tous les regards, tous les sourires qu’elle avait épiés, et les interprétait avec une cruauté ingénieuse. Gaston, tout entier à ses plaisirs, ne devinait pas les larmes de sa femme, et n’était pas là pour les essuyer. Laure se disait que la cour serait