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homme d’état, il se plaisait à reconnaître en elle ce que les petites gens appellent une maîtresse femme. Il s’était laissé conter que tous les hommes politiques un peu éminents ont une Égérie dans leur manche. Quelle Égérie que la marquise ! Conseillé, dirigé par cette rare intelligence, à quelle position ne pourrait-il prétendre et s’élever ? Quelque chose lui disait qu’il avait sous la main une de ces puissances occultes, une de ces influences mystérieuses qui font et défont les ministres : l’eau lui en venait à la bouche. Seulement la marquise consentirait-elle à briser violemment ses habitudes sédentaires ? Se résignerait-elle à ne plus habiter le gothique manoir ? Renoncerait-elle à la tranquillité des champs, à la simplicité de ses goûts, à la modestie de ses désirs, à toutes les douces joies qu’appréciait si bien son âme rêveuse et tendre ? M. Levrault n’osait l’espérer.