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sés l’un vers l’autre. Gaston savait très bien ce que Laure épousait en lui ; Laure n’ignorait pas ce que Gaston épousait en elle. On se rappelle l’attitude froide et réservée qu’avait prise le jeune La Rochelandier vis-à-vis de Mademoiselle Levrault, dès leur première entrevue. Admis à faire sa cour, Gaston ne s’était montré ni plus empressé ni plus tendre ; il avait veillé scrupuleusement sur tous les mouvements de son cœur. Il n’aimait pas sa fiancée ; l’eût-il aimée, l’orgueil lui aurait interdit d’en rien laisser paraître, la crainte de passer pour un courtisan de l’opulence aurait paralysé sa tendresse et mis un triple sceau sur ses lèvres. Quant à Laure, l’ami Gaspard l’avait guérie radicalement de ses velléités romanesques. Gaston était marquis ; elle se tenait pour satisfaite. Ainsi, pour ces deux enfants, le mariage n’était qu’une affaire,