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si vous n’êtes pas content, il y a une manière de s’expliquer, et me voici à vos ordres. N’allez pas plus loin en paroles ; car je serais forcé de vous demander la réparation que je vous offre.

— Quoi ? qu’est-ce à dire ? fit-il avec beaucoup de surprise. Vous voulez vous battre ? Eh bien, voilà un trait de lumière, un aveu ! Vous êtes mon rival, et c’est par jalousie que vous m’avez si brutalement ou si maladroitement trahi ! Dites que c’est là votre motif, alors je vous comprends et je vous pardonne.

Je lui déclarai que je n’avais aucun aveu à faire, et que je ne tenais pas à son pardon ; mais, comme je ne voulais pas perdre avec lui les précieux instants que je pouvais passer encore auprès de madame de Valvèdre ce soir-là, je le quittai en l’engageant à faire ses réflexions, et en lui disant que dans une heure je serais chez lui.

La galerie de bois découpé faisant extérieurement le tour de la maison, je revins par là à l’appartement de madame de Valvèdre ; mais je la trouvai sur cette galerie, et venant à ma rencontre.

— J’ai une question à vous adresser, me dit-elle d’un ton froid et irrité. Asseyez-vous là. Nos amis sont encore plongés dans la botanique. Comme il est au moins inutile de les mettre au courant d’un accident ridicule, nous pouvons échanger ici quelques mots. Vous plaît-il de me dire, monsieur Francis Valigny, quel rôle vous avez joué dans cet incident, et comment