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stincts, je me demande avec stupeur s’il y a une école pour le sentiment, et si le sentiment lui-même n’est pas le révélateur par excellence.

À mesure qu’il se troublait, je retrouvais ma lucidité. Bientôt je fus en état de comprendre et de commenter de sang-froid la situation. Il n’avait pas osé se vanter à mademoiselle de Valvèdre de tout le zèle qu’il avait mis à trouver un prétexte pour s’introduire auprès d’Alida. Il avait même eu le bon goût de ne pas parler de son argent dépensé. Il prétendait avoir seulement été aux informations dans les environs, et avoir réussi à déterrer un chasseur qui descendait de la montagne et qui avait vu de loin le campement du savant et le savant lui-même en lieu sûr et en bonne apparence de santé. On l’avait remercié de son obligeance, Paule disait ingénument « de son bon cœur. » On le connaissait de nom et de réputation ; mais on n’avait jamais remarqué sa figure, bien qu’il s’évertuât à vouloir rappeler diverses circonstances où il s’était trouvé, à la promenade à Genève ou au spectacle à Turin, non loin de ces dames. Il insinuait, avec autant de finesse qu’il lui était possible, que madame de Valvèdre l’avait vivement frappé, que, tel jour et en telle rencontre, il avait remarqué tous les détails de sa toilette.

— On jouait le Barbier de Séville.

— Oui, je m’en souviens, répondait-elle.

— Vous aviez une robe de soie bleu pâle avec des ornements blancs, et vos cheveux étaient bou-