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rite, chargée de l’éducation première des enfants et de la gouverne de la maison, soins auxquels Alida elle-même se déclarait impropre. Paule avait été élevée par sa sœur aînée. Toutes trois vivaient donc à leur guise : Paule soumise par goût et par devoir à sa sœur Juste, Alida complétement indépendante de l’une et de l’autre.

Quant aux aventures qu’on lui prêtait, Obernay n’y croyait réellement pas ; du moins aucune liaison exclusive n’avait pris une place ostensible dans sa vie depuis qu’il la connaissait.

— Je la crois coquette, disait-il, mais par genre ou par désœuvrement. Je ne la juge ni assez active ni assez énergique pour avoir des passions ou seulement des fantaisies un peu vives. Elle aime les hommages, elle s’ennuie quand elle en manque, et peut-être en manque-t-elle un peu à la campagne. Elle en manque aussi chez nous à Genève, où elle nous fait l’honneur d’accepter de temps en temps l’hospitalité. Notre entourage est un peu sérieux pour elle ; mais ne voilà-t-il pas un grand malheur qu’une femme de trente ans soit forcée, par les convenances, de vivre d’une manière raisonnable ? Je sais que, pour lui complaire, son mari l’a menée beaucoup dans le monde autrefois ; mais il y a temps pour tout. Un savant se doit à la science, une mère de famille à ses enfants. À te dire le vrai, j’ai médiocre opinion d’une cervelle de femme qui s’ennuie au sein de ses devoirs.

— Il paraît cependant qu’elle y est soumise, puis-