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— Au péril de ta vie, péril des plus imminents ! On t’a cru perdu.

— Aurais-tu hésité à ma place ?

— Je ne crois pas ! Aussi je ne te fais pas de compliments ; je constate que tu suis sans défaillance la ligne de tes devoirs. Allons, c’est bien ; embrasse-moi, on m’attend.

— Quoi ! je ne verrai pas ta femme et tes enfants, que je ne connais pas ?

— Ma femme et mes enfants ne sont pas là. Les marmots ne quittent pas si longtemps l’école du grand-père, et leur mère ne les quitte pas d’une heure.

— Tu me disais être en famille.

— C’était une manière de dire. Des parents, des amis… Mais je ne te fais pas de longs adieux. Je reconduis mon monde à Genève, et, dans six semaines, je reviens te chercher.

— Me chercher ?

— Oui. Tu seras libre ?

— Libre ? Mais non, je ne le serai jamais.

— Tu ne seras jamais libre de ne rien faire ; mais tu seras libre de travailler où tu voudras. Ton engagement avec ta compagnie finit à cette époque ; je viendrai alors te soumettre un projet qui te sourira peut-être, et qui, en te créant de grandes occupations selon tes goûts actuels, te rapprochera de moi et de ma famille.

— Me rapprocher de vous autres ? Ah ! mon ami, vous êtes trop heureux pour moi ! Je n’ai jamais en-