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sens et je le savais. Ne m’as-tu pas dit cent fois que cette croyance et ce remords te faisaient du bien, et que tu m’en offrais la souffrance comme un mérite et une réconciliation avec toi-même ? Oui, c’était bien, tu étais dans le vrai ; mais pourquoi perdrais-tu le fruit de ces bonnes inspirations ? Pourquoi exciter ton imagination pour t’ôter justement à toi-même le mérite du repentir et pour m’arracher l’espérance de ta guérison ? Tout est consommé. Valvèdre a souffert, mais il est résigné depuis longtemps : il voyage, il oublie. Tes enfants sont heureux, et tu vas les revoir ; tes amis te pardonnent, si tant est qu’ils aient quelque chose de personnel à te pardonner. Ta réputation, si tant est qu’elle soit compromise par ton absence, peut être réhabilitée, soit par ton retour, soit par notre union. Rends donc justice à ta destinée et à ceux qui t’aiment. Moi, soumis à tout, je serai pour toi ce que tu voudras, ton mari, ton amant ou ton frère. Pourvu que je te sauve, je serai assez récompensé. Tu peux même penser ce que tu as dit, ne pas croire au second amour, et ne m’accorder que le reste d’une âme épuisée par le premier, je m’en contenterai. Je vaincrai mon sot orgueil, je me dirai que c’est encore plus que je ne mérite, et, si tu as envie de me parler du passé, nous en parlerons ensemble. Je ne te demande qu’une chose : c’est de n’avoir pas de secrets pour moi, ton enfant, ton ami, ton esclave ; c’est de ne pas te combattre et t’épuiser en douleurs cachées. Tu crois donc que je n’ai pas de courage ? Si, j’en ai, et pour toi j’en