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crifice : quelques jours de patience, et une réponse quelconque allait arriver. Je suppliai Alida de ne prendre aucune inquiétude.

Elle eut, ce jour-là, son dernier courage. Elle sourit de ce sourire déchirant que je ne comprenais que trop. Elle me dit qu’elle était tranquille et qu’elle était, d’ailleurs, résignée à accepter les dons de son mari comme un prêt que je serais certainement à même de lui faire rembourser plus tard. Elle ménageait ainsi ma fierté ; elle m’embrassa et s’endormit ou feignit de s’endormir.

Je me retirai dans la chambre voisine. Depuis que je la voyais s’éteindre, je ne quittais plus la maison qu’elle habitait. Au bout d’une heure, je l’entendis qui causait avec Bianca. Cette fille, peu scrupuleuse sur le chapitre de l’amour, mais d’un dévouement admirable pour sa maîtresse, qui la maltraitait et la gâtait tour à tour, s’efforçait en ce moment de la consoler et de lui persuader qu’elle reverrait bientôt ses enfants.

— Non, va ! je ne les reverrai plus, répondit la pauvre malade : c’est là le châtiment le plus cruel que Dieu pût m’infliger, et je sens que je le mérite.

— Prenez garde, madame, dit Bianca, votre découragement fait tant de mal à ce pauvre jeune homme !

— Il est donc là ?

— Mais je crois que oui, dit Bianca en s’approchant du seuil de l’autre chambre.

Je m’étais jeté par hasard sur un fauteuil à dossier