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La lettre d’Adélaïde, plus timide et moins tendre, était plus touchante encore dans sa candeur.

« Chère madame,

» Vous êtes partie si vite, que je n’ai pas pu vous adresser une grave question. Faut-il garnir les chemises de ces messieurs (Edmond et Paul) avec de la dentelle, avec de la broderie ou avec un ourlet ? Moi, j’étais pour les cols et manchettes bien fermes, bien blancs et tout unis ; mais je crois vous avoir entendu dire que cela ressemblait trop à du papier et encadrait trop sèchement ces aimables et chères petites figures rondes. Rosa, qui donne toujours son avis, surtout quand on ne le lui demande pas, veut de la dentelle. Paule est pour la broderie ; mais moi, remarquez, je vous en prie, comme je suis judicieuse, je prétends que c’est avant tout à leur petite maman que ces minois doivent plaire, et qu’elle a, d’ailleurs, mille fois plus de goût que de simples Génevoises de notre espèce. Donc, répondez vite, chère madame. On est d’accord pour désirer de vous complaire et de vous obéir en tout. Vous avez emporté un morceau de notre cœur, et cela sans crier gare. C’est mal à vous de ne pas nous avoir donné le temps de baiser vos belles mains et de vous dire ce que je vous dis ici : Guérissez votre amie, ne vous fatiguez pas trop et revenez vite, car je suis au bout de mes histoires pour faire prendre patience à Edmond et pour endormir Paolino. Paule vous écrit. Mon père et ma mère vous